De tous temps, les hommes ont reçu des rêves et les ont interprétés. On en retrouve des vestiges datés de 8 000 ans en Mésopotamie, en Asie Mineure, chez les Sumériens et dans tout le bassin méditerranéen.
Les Egyptiens, les Grecs, les Romains, les Hébreux interprétaient leurs rêves, ainsi qu’en témoignent les nombreux écrits de la Bible.
On connait les rêves de Pharaon, rêves de sauterelles destructrices, de vaches grasses et de vaches maigres, prédisant une disette sévère. Pharaon demande à Joseph de les interpréter pour lui, ce qui sauve l’Egypte de la famine, 1 700 ans avant J.C.
Il y a aussi les rêves du roi Nabucodonosor quelque mille ans plus tard. Daniel doit interpréter au roi un rêve qui lui annonce qu’il va devenir fou et ne retrouvera sa gloire que le jour où il fera preuve d’humilité et reconnaîtra que Dieu est celui qui gouverne vraiment. Et cela arrive.
Daniel fut l’interprète de plusieurs rois se succédant : le propre fils de Nabuchodonosor, puisDarius, fils d’Assuerus, roi des Chaldéens, puis Cyrus, roi de Perse… Tous ces rois ont reconnu que Dieu parlaient à travers les rêves, même s’ils en doutaient au départ : ce qui montre qu’il y a toujours eu un doute, une méfiance : le conscient n’aime pas l’inconscient, car il sait que son égo risque d'en prendre un coup.
Mais lors de rêves très forts, même les rois, qui se situent au sommet de la hiérarchie temporelle ne peuvent que reconnaître leur petitesse face à la puissance, la vérité et la divinité qui se trouvent dans les rêves.
Le fait qu'il arrive même aux rois antiques de douter et des rêves et des interprètes montre que les préjugés font barrière à la reconnaissance des rêves, et que les rêves demandent à l’être humain de faire preuve d’humilité pour chercher à les comprendre. L’humain a souvent besoin de rêves très forts, ébranlants, des cauchemars qui les dépassent pour se résoudre à en demander l’explication.
On remarque à chaque fois que le rêveur ne peut comprendre son rêve seul. Le rêveur n’a pas la capacité de comprendre le message divin véhiculé dans les rêves, même s’il se souvient de ses rêves : il a besoin d’un interprète qui lui, a reçu la grâce de comprendre les rêves, être interprète est sa fonction, sa vocation, un don reçu de Dieu, comme Joseph et Daniel de la Bible. Ils sont directement inspirés par Dieu.
Mais nous connaissons tous un interprète très célèbre, bien qu’il ne soit pas connu de nous en tant qu’interprète. Il s’agit d’Hippocrate, père de la médecine occidentale, né 600 ans avant J.-C.
Il appartenait à une famille d'Asclépiades : c'est à dire descendants en ligne directe d'Asclépios, dieu de la médecine. (Asclépios en grec et Esculape en romain). A cette époque où il était de notoriété que les dieux avaient commerce avec des humaines, cela ne paraissait pas incongru. Dans cette famille, l’on était tout à la fois médecin, prêtre et interprète de rêves.
Ces trois fonctions étaient à l’époque inséparables et font comprendre la teneur des messages nocturnes : ils sont guérisseurs, viennent de Dieu et sont inspirés.
A l’époque, on venait se faire soigner dans les temples hospitaliers. Il en existait 420 dans le monde antique.
Hippocrate officiait à Cos. Si Hippocrate est davantage connu pour sa médecine rationnelle, c'est parce qu'il vivait aux temps des philosophes comme Platon, Socrate, Sophocle, à une époque de séparation du religieux et du civil, où est entendu celui qui sait le mieux convaincre, peu importe la vérité de ses dires : c'est pourquoi sans renier la puissance des rêves, il a préféré présenter une médecine rationnelle afin que celle-ci fasse partie de la cité.
Mais cela ne l'empêcha pas d'affirmer : "En tous cas, les fautes les plus impies, c'est la divinité qui les purifie, les sanctifie, les nettoie en nous".
Il ne renie pas les temples hospitaliers où l'on vient se faire guérir par les dieux.
A Pergame aussi, au début de l’ère chrétienne, vers 250, se trouvait un temple de guérison très célèbre.
Le sanctuaire d’Asclépios, consacré à Escylape (Esculape), dieu des rêves et de la médecine, est situé en Argolide à Epidaure, au nord-est du Péloponnèse. Il fût construit vers l'an -490 av J.C. par l'architecte Théodotos. Il est encore aujourd’hui un des sanctuaires les plus visités.
Il était un haut-lieu de la médecine grecque à l'époque où les hommes croyaient aux dieux.
On y pratiquait la médecine par les songes. Les malades étaient invités à s’installer sous le portique d’incubation (long portique de 70 m de long sur 9,50 m de large), sur des couchettes qui leur permettaient de recevoir les rêves qui les guérissaient de leurs maux : soit ils étaient guéris pendant leur sommeil par le dieu lui-même, soit ils recevaient des rêves que les prêtres interprétaient ce qui permettait de trouver le traitement adéquat. Ces traitements s’accompagnaient souvent de divertissements, bains et exercices physiques, considérés comme bienvenus pour la santé globale.
Le fait que le dieu lui-même venait guérir le malade pendant son sommeil est relaté sur de nombreuses fresques et fragments datant de ces époques.
Les archéologues ont retrouvé trois stèles et des fragments qui relatent 70 cas de guérison miraculeuse :
Ces récits suivent un schéma à peu près constant.
Le malade, dont le nom, la cité d’origine et la maladie sont mentionnés vient au sanctuaire supplier le dieu, se couche dans le portique d’incubation, voit le dieu en rêve et se réveille guéri le lendemain matin. De nombreuses guérisons d’aveugles sont rapportées.
Le témoignage d’une Athénienne aveugle d’un œil est intéressant, car elle arrive en se moquant des guérisons qu’elle juge impossible, à savoir que des boiteux et des aveugles guérissent pour avoir vu le dieu en rêve. « s’étant couchée dans le portique d’incubation, elle eut une vision. A ce qui lui semblait, le dieu se tenant au-dessus d’elle lui disait qu’il la guérirait, mais qu’elle devait déposer en salaire dans le sanctuaire une truie d’argent pour commémorer sa sottise ; après ces mots, il incisa l’œil malade et y versa un remède. Quand le jour vint, elle s’en alla guérie ».
Un autre cas : « Hermon de Thasos : alors qu’il était aveugle, le dieu le guérit. Après cela comme il n’apportait pas les honoraires pour les soins, le dieu le rendit aveugle à nouveau. Mais lorsqu’il revint et se coucha à nouveau dans le portique d’incubation, le dieu le guérit définitivement. »
Ces exemples sont tirés de la biographie d'Hippocrate par Jacques Jouana.
Il n’y a pas que les aveugles qui soient guéris, mais toutes sortes de malades : les boiteux, les muets, les stériles, ceux qui sont atteints d'épilepsie, qui ont des ulcères, qu'ils soient hommes, femmes, ou enfants….
Beaucoup sont incrédules et le dieu soigne non seulement leur maladie, mais aussi leur scepticisme. Il s’en amuse même.
Les patients accourent de toutes les régions du Péloponnèse pour guérir.
La médecine par le dieu est le dernier recours du médecin qui avoue son impuissance vis-à-vis d’un phénomène qui le dépasse.
D’autres fois, le dieu dit quelque chose en rêve qui a besoin d’être interprété et mis en œuvre par le médecin, qui était aussi grand prêtre des temples.
La Bible est remplie de rêves ! Et les interprètes sont inspirés de Dieu.
Pour cela lire dans la Bible le livre de Daniel, qui était interprète de rêves.
Voilà aussi ce que rapporte Job :
"Dieu parle une fois et deux fois, et l'on n'y prend pas garde, dans un songe, dans une vision de nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, quand ils dorment sur leurs lits : alors il ouvre l'oreille aux hommes et scelle l'instruction qu'il leur donne..." Job : 33 : 14-18
Pour lire la suite de l'aventure des rêves, de l'Antiquité à nos jours :